BODY ? OH MY BODY !
Projet culture santé 2016
Cette enquête est née de la rencontre avec des patients de l’Établissement Public de Santé Mentale de Caen et de femmes incarcérées à la maison d'arrêt de Caen lors d'ateliers chorégraphiques qui se sont déroulés en 2015.
Dans ces institutions, le rapport au corps est souvent vécu de façon conflictuelle. Très peu pris en considération, il est soumis à de nombreuses contraintes soit par la médicamentation administrée ou de par l'enfermement physique dont il est l'objet. Nous avons pu observer après seulement quelques séances d'ateliers, que les participants se sont à de nombreuses reprises exprimés sur le bien-être procuré par la pratique de la danse contemporaine, ainsi que sur le changement de perception de leur environnement intérieur et extérieur que cette activité permettait.
Le désir de porter plus loin ces expériences nous a poussé à réfléchir à un autre cadre de rencontre qui ne s'arrêterait pas à l'atelier de danse et qui permettrait de nourrir un espace de réflexion aussi bien pour les participants, que pour nous-mêmes, ainsi que pour un potentiel public.
Notre choix s'est tourné vers le mode de l'enquête qui nous permet à la fois la collecte de matériau et de travailler dans un cadre temporel sans durée déterminée à l'avance ne reposant que sur notre seul désir de la mener à bien et de la faire durer le temps qu'il nous semblera nécessaire.
Partant du principe que nous sommes aussi un corps, et que ce corps est en lien avec un environnement, lui-même composé par les lieux que l'on traverse, ceux-ci peuvent influencer ou façonner notre être au monde.
Ces lieux induisent des comportements qui s'inscrivent dans nos corps et modifient ou altèrent la perception que nous avons de notre corporéité et la manière dont nous agissons.
Nous souhaitons donc aller à la rencontre de personnes qui de par leur situation sociale, physique, mentale questionnent cette relation du corps à leur environnement.
Dans un premier temps, ces rencontres donneront lieu à des recueils de témoignages, qui seront la base de l'écriture d'une performance chorégraphique, d'un film, et d'une installation.
« Dans un système de discipline, l'enfant est plus individualisé que l'adulte, le malade l'est avant l'homme sain, le fou et le délinquant plutôt que le normal et le non-délinquant. C'est vers les premiers en tout cas que sont tournés dans notre civilisation tous les mécanismes individualisants ; et lorsqu'on veut individualiser l'adulte sain, normal et légaliste, c'est toujours désormais en lui demandant ce qu'il y a encore en lui d'enfant, de quelle folie secrète il est habité, quel crime fondamental il a voulu commettre. »
Michel Foucault, Surveiller et Punir
Soutien et accueil en résidence :
Les Ateliers Intermédiaires, Établissement Public de Santé Mentale de Caen, Quartier femme de la maison d’arrêt de Caen,Chorège / Relais Culturel Régional du Pays de Falaise
Partenaires :
Conseil Régional de Basse-Normandie (culture-justice), Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation de Caen, Etablissement Public de Santé Mentale de Caen, Agence Régionale de Santé (culture-santé), DRAC Normandie & l’Éducation Nationale dans le cadre d'un jumelage
Production : NOESIS
Merci à Didier Josse, Mathilde Besnard et Catherine Gamblin-Lefèvre
Pour chacune des interventions, nous sommes partis du même protocole de mise en corps qui visait à appréhender le corps dans ses différentes couches : la peau, les muscles et les os.
Ce protocole issu de la pratique du Body-Mind-Centuring permet de développer une perception fine du corps et des possibilités de mouvement.
Un travail sur la posture à partir de la pratique du Rolfing a également été mis en place afin que chaque participant prenne conscience de la façon qu’il a d’organiser son rapport à la gravité et son alignement postural.
Le but de ces pratiques n’est en aucun cas de montrer un modèle qu’il faudrait suivre mais au contraire d’affiner l’image de son propre corps afin d’en élargir les potentialités.
Le troisième axe de travail était une mise en mouvement à partir des articulations du corps afin de permettre de dissocier les mouvements et d’explorer les multiples possibilités qu’offre la mobilisation d’une seule partie du corps et quels nouveaux chemins d’expressivité s’ouvrent alors.
Notre intention est que chacun puisse ainsi écrire une danse qui lui appartienne, hors des codes et des formats conventionnels, une danse dont il soit l’auteur et qui lui permette de transformer, d’habiter son corps de la façon dont il le désire.
L’écriture chorégraphique s’est donc fait avec cette attention particulière à la mise en valeur de chacun. La question du corps se pose de façon central lorsque celui-ci est le médium de l’écriture, l’enjeu de la composition chorégraphique est de créer un espace-temps dans lequel chaque corps puisse être vu singulièrement en étant relié à un ensemble qui est le groupe dans lequel il vit.
2-Ecoles du pays de Falaise
JOURNAL DE BORD
Réalisation : Stéphanie Brault & Flora Pilet
Composition sonore : Flora Pilet
Image et montage : Stéphanie Brault
Captation de la création réalisée avec les enfants des écoles de Rouvres, Maizères et Ernes
Grande Rencontre Chorégraphique 2016, Festival la Danse de tous les sens, Falaise
Chorégraphie : Flora Pilet
Assistante chorégraphique : Anaïs Dumaine
Création sonore: Flora Pilet
Créé et interprété par : Louka, Mélisse, Camilla, Ange, Pavel, Arthur, Andrice, Sofiane, Timéo, Clara, Ruben, Clément, Manon, Lucas, Luka, Thaïs, Malory, Quentin, Lilou, Shaina, Maylis, Raphaelle,Matéo, Alice, Ambre, Hippolyte, Arthur, Paul, Julie, Jeanne, Pacome, Manon, Mélodie, Victor, Matthis, Illiona, Ella, Thomas, Xavier, Romain, Titouan, Pierre, Charly, Mathéo, Valentin, Matheo, Tom, Jordan, Thibault, Léane, Lisa, Clémentin, Nolan, Simon, Paul, Alice, Mathis, Maxime, Clément, Léa, Olivier, Alexis, Valentin, Siloé, Thibault, Mathilde.
Avec le soutien de la DRAC Normandie
Education Nationale dans le cadre d'un jumelage
Structure culturelle partenaire:
Chorège / Relais Culturel Régional du Pays de Falaise
Remerciements aux professeurs des écoles : Cyrille Gentil, Claire Bazemo et Sophie Françoise
3-Etablissement Public de Santé Mentale
Body? oh my body ! /1TERSECTION # EPSM
Avec les patients et les soignants des hôpitaux psychiatriques de jour de Caen-Est et de Côte Fleurie
Ateliers Intermédiaires
Vendredi 23 septembre à 14h & à 19h : PERFORMANCE + INSTALLATION
Samedi 24 septembre de 14h à 18h : PORTES OUVERTES EN CONTINU DE L' INSTALLATION
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Body ? Oh my body ! est une interrogation et une exclamation, c’est un jeu qui se joue dans un espace multiple et dans lequel le corps du spectateur est tout autant impliqué que celui des performers.
Ensemble nous jetterons nos corps, non pas les uns contre les autres, mais les avec les autres, et nous les ferons se confronter à eux-mêmes. Les confronter par là même au monde, au dehors, et questionner les conventions, les codes de communication, de langages et de représentations de notre époque.
Body ? c’est quoi le corps ? De quoi c’est fait ? Comment cela bouge, en avez-vous conscience ? Qu’est- ce nous faisons de nos corps ? Qu’est-ce qu’un corps fonctionnel ? Que serait-un corps qui ne fonctionne pas bien ? C’est quoi l’efficacité ?
Oh my body ! Ce pourrait être un cri, le cri du corps, contraint, contenu, marginalisé qui se débat dans mille injonctions qui tendent à uniformiser nos comportements, et à les assujettir.
Body ? Oh my body ! Veut ouvrir un espace de possibilités qui propose un jeu que nous imaginons tantôt féroce, tantôt absurde et, espérons-le, déroutant pour le regard de celui qui poserait les yeux sur nos corps qui se jouent des règles et tentent de tracer un nouvel espace hors des cadres et des limites dictés par la doxa d’une modernité parfois délétère.
Chorégraphie : Flora Pilet
Dramaturgie : Alexandre Le Petit
Assistante chorégraphique et praticienne Rolfing : Anaïs Dumaine
Vidéaste : Stéphanie Brault
Musicien : Yohann Allex
Scénographie : Violaine de Cazeneuve
Photographie : Claude Boisnard
Création & interprétation : Sophie Charlot, Stéphanie Farré ,Blandine Favre, Xavier Juret, Mickaël Marie, Noémie Maurille, Sophie Targat, Maud Marsando, Véronique Cardon & Stéphane Crocomo
BODY # Fragments
Réalisation : Claude Boisnard
De Janvier à Septembre 2016, l’équipe de la compagnie NOESIS intervient dans trois institutions: l’école, la prison et l’hôpital psychiatrique, sous la forme d’ateliers chorégraphiques. Dans le même temps, je réalise trois films autour de la question de la perception, de la représentation et de l’imaginaire du corps vu à travers ces trois institutions représentatives du cœur de notre époque.
L’installation vidéo sera composé de fragments d’histoires de corps que nous avons rencontrés. Que nous racontent ces corps que nous ne voyons pas, qui sont enfermés, médicalisés, ou en devenir?
A travers ces structures très codés, (qui partagent une partie de leurs codes: emploi du temps défini, pause/récréation, repas, apprentissage), l’idée est d’exploser les cadres de leurs représentations. Les 3 films seront présentés en même temps, sur trois écrans autonomes, le but étant de faire rencontrer des figures qui, dans la réalité, ne se rencontrent jamais et, dans un 2 ème temps, d’explorer l’entité corporelle de chaque institution pour les fusionner et créer donc un seul corps trouble et multiple qui permet d’augmenter le champ des possibles.
A travers la diffusion simultanées des trois films, ce qui est montré est un corps dont le statut est devenu flou. Quel corps est en prison, à l’école, ou bien en hôpital psychiatrique? Cette réflexion du trouble est le cœur même de ce travail. Il s’agit d’interroger le corps flou, qui, dans cette installation vidéo, peut se déplacer de la prison à l’école, de l’école à l’EPSM, par l’intermédiaire des trois écrans, comme s’il sautait de cadre en cadre.
Ces 3 films ont une durée différente, la singularité de l’installation se trouve également dans la création de décalages temporels que peuvent apporter les images. Ce travail de l’aléatoire apporte le questionnement du résultat incertain et du possible démultiplié par la fusion des trames qui finissent par se chevaucher. Mon travail vidéo n’est pas un travail d’enquête, mais un travail d’interprétation à partir de la question suivante : Quels échos ces institutions créent-ils en moi?