Rituels de l’obscur
Quand nous plantons, quand nous tissons, quand nous écrivons, quand nous enfantons, quand nous organisons, quand nous soignons, quand nous courons à travers le parc, dans la brume exhalée par les séquoias, quand nous faisons ce que nous avons peur de faire, nous ne sommes pas seules. Nous sommes du monde et notre pouvoir-du-dedans est grand, même s’il n’est pas invincible. Si nous pouvons être blessés, nous pouvons soigner ; si chacun de nous peut être détruit, en nous il y a le pouvoir du renouveau. Et il est encore temps de choisir ce pouvoir-là.
Starhawk, Rêver l’obscur
Pendant le confinement de 2020, j’ai ressenti le besoin de me relier à ce qui me faisait du bien, de voir à nouveau des corps en mouvement dans l’espace public qui n’était parcouru que par ds joggeurs ou des marcheurs. Il y avait une telle tension dans l’air et je cherchais un moyen de pouvoir retrouver l’acte poétique de danser hors de mes murs de mon appartement.
J’ai réalisé que j’avais peur de danser dehors dans la rue, que je n’osais pas.
C’est à ce moment où je suis tombée sur cette phrase de Starhawk :
“Là où il y a de la peur, se cache une grande puissance.”
Je me suis donc lancée une après-midi lors d’une de mes balades quotidiennes et avec mes écouteurs sur les oreilles j’ai dansé le temps d’une chanson.
Ce petit acte de liberté m’a procuré une joie intense que j’ai eu immédiatement envie de partager.
J’ai donc appelé des camarades danseur.e.s pour leur proposer de nous retrouver tous les jours à 11h dans un endroit de la ville à distance pendant 5 min.
Pendant un mois cela est devenu notre rituel quotidien.
Ce rituel a été partagé au-delà des frontières de notre ville.
Que nous soyons présent.e.s ou non, nous savions qu’à 11h quelqu’un quelque part dansait et penser à cette communauté éphémère qui s’était constitué alors.
Certain.e.s m’ont envoyé des vidéos de leur danse, Alexandre nous a accompagné pour filmer nos explorations urbaines.
Perig Villerbu a composé des musiques et nous avons réalisé ces trois petites vidéos.
Plusieurs personnes ont écrit un petit texte ou pris une photo de ce qu’il voyait lorsqu’ils, elles dansaient.
Ces traces sont consultables ici
Ces explorations nous ont donné envie, une fois le confinement levé, de continuer à explorer notre rapport à l’espace urbain. En juillet 2020 sur une proposition d’Elsa Deslandes nous avons fait une randonnée nocturne à la pleine lune.
Avant de partir nous nous sommes retrouvées pour un laboratoire d’exploration de pratiques partagées, Le labo sorcières, où chacun.e a proposé une pratique qu’il,elle avait envie d’expérimenter.
